Après trois mois d'existence, Epicureuil s'est lancé dans la RL, le vrai monde, celui où des personnes faites de chair et d'os déambulent devant les créations d'un marché de Noël local et durable, celui de Green Fabric.
Ca s'est passé ce week-end du 13 au 16 décembre à Forest, en région bruxelloise. Premier essai, premières rencontres, je reviens le coeur gorgé de souvenirs, de nouvelles connaissances et de quelques enseignements pour la prochaine fois.
Mais avant de vous dévoiler mes conclusions, j'aimerais commencer par le tout début de cette aventure. J'ai su mi-octobre que ma candidature en tant qu'exposante sur ce marché était retenue. Cela me laissait donc deux petits mois pour composer un assortiment de créations dignes de toucher le chaland.
Car il s'agit bien de cela. Toucher au coeur, parler, provoquer une émotion... Voilà la tâche, bien plus subtile et complexe que simplement "attirer" un client et provoquer une vente. Au final, me direz-vous, c'est la même chose "je vends mon bazar". Pourtant j'insiste.
Ledit bazar est un message d'espoir et de crédibilité pour une autre société. Une société où le plaisir et l'abondance se taillent une place sans complexe en jouant à l'infini sur nos déchets et sur les ressources qui ne doivent plus être produites (parce qu'elles sont déjà là).
Offrir un cadeau qui vient de mon stand, c'est offrir un article neuf qui n'a rien coûté à la planète, ou alors très peu... Parmi les matières premières, on trouve :
- Des jeans usagés (la garde-robe résiduaire de 5 enfants, ça en fait du denim usagé!)
- Des chutes d'atelier, petites ou moyennes
- Pour les plus grandes pièces, une utilisation éclairée des stocks dormants valorisés par la Mercerie Moderne de Green Fabric
- De la toile de jute récupérées sur des sacs du commerce de café, voués en fin de chaîne à la décharge
- Côté mercerie : des zips récupérés sur de vieux vêtements en fin de vie, des boutons de même origine, des fins de rubans glanés ou récupérés
Riche de ce trésor, Epicureuil a imaginé un petit univers plutôt vintage et cosy. Les pièces ont été modélisées à l'atelier ou bien ont hérité du talent et de la générosité des designers de Twig and Tale, nos amies de Nouvelle-Zélande.
Le résultat? Un stand bien fourni, peuplé de rêves. Mais avant cela, une heure de stress pour son montage et sa conception au pied-levé. une fois les caissettes déchargées et acheminées... Comment présenter tout çà? 🫣 Parmi les autres exposants qui me paraissaient rôdés à l'exercice, je me sentais toute petite et fort démunie.
Par grande chance, j'ai pu mobiliser quelques ressources : mes amies du bout de la France qui partagent ma passion pour la couture et avec lesquelles je forme une solide communauté de partage et de soutien. "Au secours les fiiiiiiilles" a suffit pour recevoir les mots qu'il fallait pour continuer sans trembler. Mon coaching chez Les pies bavardes a fait le reste : les recommandations sur la structure d'un stand m'avait fait songer à apporter des cagettes à fruits : LA bonne idée! En disposer trois pour créer des volumes de différentes hauteurs : parfait! Ensuite, ma foi, j'ai bien improvisé en faisant fi de la recommandation de ne pas exposer "trop", car oui, j'aime l'aspect "caverne au trésor", petit monde à explorer...
Voici le résultat :
Les articles présentés s'étalaient sur une gamme de prix allant de 5 à 80 euros. Le public qui m'a visitée cherchait principalement de petits objets pour de petits achats, ce qui a valu le plus de succès aux boutons brodés à la main, mais également aux mouchoirs de poche en tissu, broderies sur tambour, trousses "Essentielles"...
Parmi les plus attirants, j'ai noté :
- les chaussettes de Noël,
- la housse de coussin "Bruxelles", broderie libre inspirée par ma ville d'adoption dans un style inspiré du boro japonais
- les capes Traveller dessinées par Twig and Tale et réalisées à partir des stocks dormants valorisés par Green Fabric
Ce marché a été pour moi une première expérience riche d'enseignements et de remise en cause. Notamment, la question de la relation au client s'est posée... Vendre ses créations en live, c'est autre chose que sur le net. Soudain, face à la petite fille qui ouvre son porte-monnaie parce qu'elle a flashé sur un bonhomme de neige brodé, je suis bouleversée.
Je ne peux tout de même pas vendre çà! C'est une "bête" broderie! Idem face aux autres clients, moins touchants car plus âgés :-) : l'idée me prend que tout ce travail, dont je sais pourtant qu'il m'a pris des heures de collecte, de conception et de réalisation, ne vaut rien.
Alors ainsi me voilà victime de ce sentiment si répandu parmi les créateur.ices? Et ce, tout simplement parce que je dois assumer face à une autre personne que oui, mes objets ont un intérêt pour d'autres, y compris des personnes que je ne connais pas... Troublante sensation. Je la prends avec moi et compte bien la travailler comme une vieille tache jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Même si cela prend du temps...
En attendant, je retourne à ma zone de confort, derrière mes machines et mon clavier, pour préparer la mise en ligne dans la boutique des créations qui ont été les plus sollicitées durant ce marché. En première ligne, vous y trouverez une nouvelle collection de trousses d'écriture "Essentielles" et en première sur le site, la collection des champignons décoratifs.
A leur propos et pour clore le présent article, je paraphraserai un client de passage sur le marché de Noël : on aime toujours la forme d'un champignon, quel qu'il soit, c'est agréable, et on ne sait pas vraiment pourquoi...
Le Noël d'Epicureuil